De la vérité devant la justice magique – 5

Jusque-là, nous avions surtout évoqué une utilisation des méthodes d’extraction magiques de la vérité sur l’accusé. Mais ce serait également tout à fait possible de les mettre en place sur la victime, ou le(s) témoin(s).

Dans le cas de victimes traumatisées ou d’enfants, par exemple, cette solution pourrait même être bénéfique : elles n’auraient pas à témoigner directement, et pourraient être protégées de leur propre traumatisme. Va pour cet argument, qui est clairement dans le sens de cette utilisation.

Mais encore une fois, ne pourrions-nous pas reconnaître à la victime le droit à la vie privée, même si elle est victime ? Peut-être y a-t-il des détails qu’elle ne souhaite pas révéler à la cour. Peut-être ces quelques détails pourraient être en sa défaveur, ou être utilisés pour paraître en sa défaveur (« on ne vous voit pas vous défendre ! »). Peut-être ses souvenirs seront-ils utilisés directement contre elle. Quelle violence ! Voir sa propre mémoire tournée en dérision ou utilisée pour la discréditer ! Le traitement des victimes par les avocats ou la cour peut d’ores et déjà paraître difficile voire révoltant sans que les souvenirs de la victime ne soient directement utilisés.

D’autant que les mêmes questions se posent que dans le cas de l’accusé : si le souvenir n’est pas immédiatement figé, il pourrait être affaibli par le temps, les manipulations etc. D’autant qu’il existe de nombreuses façons de manipuler magiquement un souvenir, comme nous l’a montré le professeur Slughorn. Certains y arrivent très bien, et il est quasiment impossible de déceler le vrai du faux. Or, si de nombreux procès mettent en lumière une gestion troublante des preuves et des dossiers (notamment dans cette affaire moldue, où des tomes entiers de procédure disparurent mystérieusement) qui ont une légère tendance à disparaître, il pourrait tout à fait être envisageable que l’on altère dans un sens ou dans l’autre un souvenir récolté.

On pourrait également souligner les conséquences psychologiques de voir son propre souvenir exposé à la vue de tous, exposé froidement… L’émotion d’une personne n’est-elle pas également capitale pour comprendre sa détresse ou encore l’impact qu’a eu ce dont elle a été victime ou témoin ? En la privant de faire elle-même le témoignage qu’on lui demande, ne la réduit-on pas à une petite chose fragile, incapable de se défendre, faisant d’elle un simple objet de discours ?

Si la possibilité de recourir à de telles pratiques devient acceptable devant nos tribunaux, elle devrait rester une option rigoureusement encadrée.

Texte initialement publié sur le forum Poudlard12.com

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